Le site d’actualité Yagg a mis en ligne le mémoire de Dominique Goblet, étudiant du département de Psychologie des Facultés universitaires Notre Dame de la Paix de Namur (document complet et résumé) intitulée « Handicap et homosexualité : double tabou, double discrimination. » L’étude s’est appuyée sur un questionnaire adressé par l’intermédiaire du réseau associatif LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) et intervenant auprès des personnes en situation de handicap et des sites « communautaires ». Sur 508 réponses, 158 ont été estimées exploitables. Les répondants sont pour la plupart des hommes (à 82,9%), résident en majorité en France (à 77,6%). L’auteur indique en outre que « 84,34% des répondants se définissent comme homosexuels. 8,43% se définissent comme bisexuels. 2,41% se définissent comme hétérosexuels mais peuvent avoir des pratiques homosexuelles ou encore se définissent comme “asexués”. »
Selon les résultats de l’enquête, le ressenti de la discrimination témoigné par les répondants a deux facettes. La discrimination liée au handicap est ainsi plus lourdement ressentie que celle liée à l’orientation sexuelle, certains répondants affirmant d’ailleurs « que le handicap est autrement plus “handicapant” que l’homosexualité » (1). Mais vivre son homosexualité au grand jour ne va pas pour autant de soi : « tous les répondants ne sont pas prêts à révéler leur homosexualité et craignent de subir des difficultés supplémentaires, le handicap prenant déjà suffisamment de place »
De surcroît, « ce que l’on pourrait appeler la “gai-normativité” est dénoncé de manière récurrente par les répondants. » Les lieux identitaires (bars, discothèques) sont peu souvent accessibles pour une majorité des répondants (2). Réciproquement, le milieu du handicap ne s’avère pas toujours ouvert à la diversité des orientations sexuelles : l’auteur indique avoir éprouvé des difficultés à s’entretenir du sujet avec certaines associations de personnes handicapées.
(1) « 43,37% des répondants déclarent avoir eu le sentiment d’être (d’avoir été) rejetés “parfois” en raison de leur handicap; 18,67% “jamais”, 24,7% “souvent”, 3,61% “toujours”, 9,64% ne répondent pas. Quand on leur pose la question en changeant “handicap” par “orientation sexuelle”, les résultats sont différents. Les répondants sont plus nombreux sur le “jamais” par rapport à l’homosexualité (29,52%), que pour le handicap (18,67%). Litem “souvent” passe de 10,84% (orientation sexuelle) à 24,7% (handicap); “toujours » passe également de 1,81% à 3,61%. »
(2) 7,8% des répondants jugeant les lieux identitaires « souvent » accessibles, 34,3% estimant qu’ils le sont « parfois », et 25,3% considèrent qu’ils ne le sont « jamais. »