Tentatives pour relancer le débat sur les statistiques dites de la diversité

De retour dun voyage d’étude aux États unis, dix jeunes élus dIle-de-France, membres de lAssociation nationale des élus locaux de la diversité (Aneld), ont lancé cet été un appel en faveur des statistiques ethniques (cf. Le Monde, Le Figaro). Interrogé le 20 juillet par Libération, Kamel Hamza, président de lAneld, a précisé ses intentions. Le conseiller municipal (UMP) de La Courneuve  justifie : « Quand vous voyez des élus américains qui vous disent “si vous ne vous comptez pas, vous n’avancerez pas”, vous vous posez forcément des questions. » Et ose ce parallèle : « Des évaluations ethniques ont été faites pour la délinquance, elles doivent désormais être faites dans le milieu de l’entreprise. » Kamel Hamza ne dissimule d’ailleurs pas son objectif : « Aux États-Unis, les quotas ont au moins permis de faire émerger des présentateurs de journaux, des responsables issus des minorités. Désormais, ils n’en sont plus aux quotas, mais travaillent sur les objectifs pour corriger les inégalités. »

Ces déclarations ont vivement fait réagir le Haut Conseil à l’intégration, qui, dans un communiqué publié le 28 juillet, a réaffirmé « sa ferme opposition aux statistiques ethniques, c’est-à-dire fondées sur la couleur de peau et/ou appartenant à de prétendues “races”, pour des raisons tant pragmatiques qu’éthiques. » Et de rappeler que « notre législation, comme l’a rappelé en février dernier le Comité pour la mesure de la diversité et des discriminations (Comedd) permet l’utilisation de données issues de l’état civil, comme le pays de naissance ou la nationalité, pour les statistiques publiques. »

Ce rapport Héran que le Commissaire à la Diversité, qui lavait pourtant commandé, a appelé à dépasser dans Libération le 25 juillet. « Ce qui peut générer de l’injustice et de la discrimination doit être mesuré et quantifié », a insisté Yazid Sabeg, regrettant que « personne ne veuille regarder la réalité en face », sans craindre de confondre l’étude de la discrimination, que personne ne conteste, et la quantification ethnique de la population, qui fait polémique. Si le Commissaire à la Diversité souhaite relancer ce débat, il semble vouloir fermer celui de la généralisation du CV anonyme. Dans un autre entretien accordé aux Échos ce 17 août, il affirme : « je ne crois pas que le CV anonyme doive être une obligation, comme cela a été envisagé un temps au niveau législatif, mais une faculté parmi d’autres, que certaines entreprises utilisent d’ailleurs avec succès », tout en concédant que l’étude commandée par Pôle emploi mettant en doute l’efficacité du CV anonyme peut comporter des faiblesses scientifiques.